Pamplona… Ou la fin du Pèlerinage.

C’est après 40 jours de marche que nous arrivons à Pamplona. Il est 8h du matin, il fait déjà 19°… J’ai réservé une chambre en Airbnb pour pouvoir couper la traversée de la ville en deux. On a le temps, l’entrée dans le logement se fait à partir de 15h. Coco n’avait pas envie de décoller ce matin, moi c’est le paysage qui m’a motivée. Je suis fatiguée et j’ai mal partout, surtout au pied droit. Nous marchons dans la ville déserte à la recherche d’un boui-boui ouvert pour manger un petit quelque chose. Il est encore tôt, l’Espagne se réveille à peine ! Ça me fait plaisir d’être là, c’est très typique de l’Espagne que j’ai connue à Barcelone : les paysages, les odeurs, les devantures de boutiques, et surtout, cette manière de parler à la fois speed, chaleureuse et râleuse qu’ont les espagnols. C’est familier et je ne sais pas vraiment pourquoi… Mon expérience en Espagne se résume à une semaine de voyage scolaire à Barcelone, une colonie de vacances de trois semaines en itinérance dans le nord de l’Espagne (étions nous passés à Pamplona ??? Je ne sais plus…) et une petite année de vie à Barcelone où j’ai fait mon service civique dans une association française. L’Espagne, et surtout la langue espagnole, me parlent vraiment beaucoup. Ce sont des ambiances qui me touchent profondément, qui m’appellent comme un « aimant » et qui me bercent comme un doudou. Je ne me l’explique pas, ça a toujours été comme ça… Pourtant c’est la grande ville !



Je fais un arrêt à l’Office de Tourisme pour faire apposer le tampon sur la Credenciale, fière de traverser Pamplona à pieds. Puis je passe devant une boutique d’articles de randonnée. Je me suis mis en tête de changer de sac à dos depuis le séjour à Saint Jean Pied de Port… Le vendeur parle énormément et fini de pomper les quelques forces qui me restaient pour la journée. Je ne sais toujours pas ce qu’il s’est passé dans cette boutique mais je me suis sentie très mal d’un coup, j’ai du courir aux toilettes du musée d’en face pour me passer de l’eau fraîche sur le visage et je me suis mise à pleurer. Pleurer, pleurer, pleurer… Sans m’arrêter, sans savoir pourquoi, sans être capable de rien d’autre que de marcher à pas lents et perdue vers le Airbnb où nous sommes arrivés un peu avant midi. J’ai écrasé mon désespoir sur le premier banc ombragé que j’ai trouvé et j’ai continué à pleurer jusqu’à ce que j’ose enfin appeler mes hôtes pour leur demander d’entrer dans l’appartement avant l’heure prévue.
J’arrive en sueur et en pleures chez Ruben où sa compagne Isabel nous accueille on ne peut plus chaleureusement à grandes vagues de câlins, de verres d’eau citronnée, de phrases tellement espagnoles qu’elles me réchauffent un peu le coeur, de caresses à Coco… Le tout malgré son rendez-vous imminent à l’autre bout de la ville ! C’est assez brutalement que nous nous retrouvons seuls dans leur appartement pour deux bonnes heures. Je lâche toutes mes affaires et mes pleures dans le salon avant de monter prendre une bonne douche et de me mettre au lit où Coco ne m’avait d’ailleurs pas attendue ! Ça contraste beaucoup avec ces quelques premiers jours passés en Espagne où le bivouac est interdit partout (et la Guardia Civile veille bien à ce que ce soit respecté !) et où les chiens sont loin d’être les bienvenus….. Avec Isabel, le chien est roi !

Chez ce couple de quasi la soixantaine je me sens vraiment en famille, comme si nous nous connaissions depuis toujours. C’est très agréable et même si je peine à me d’étendre (la chambre est très cher, je resterai bien mais je ne peux pas me permettre ce genre de tarifs plus d’une nuit en urgence…) Je passe un super séjour en leur compagnie malgré la canicule qui s’est invitée sans prévenir ! L’après midi en ville il fait un bon 38°, du coup on se calque assez facilement à l’heure espagnole : déjeuner à 14h30 et repas à 21h30…! En leur compagnie je visite la ville et leur quartier, dans les petits coins que les touristes ne verront probablement jamais. C’est beau, c’est chouette, c’est très vert il y a beaucoup de parc ! Pamplona est selon moi une ville qui mérite vraiment d’être visitée et vécue !

On a bien rit, on a bien mangé et on a bien pleuré même ! Mais maintenant il faut songer à repartir. Même s’ils m’invitent gratuitement à rester encore quelques jours, je suis fatiguée et maintenant que la décision d’arrêter le pèlerinage est prise, j’ai envie de rentrer tranquillement… Retrouver le cocon du camion pour changer de vêtements et faire le tri dans les idées, les impressions… Il a été difficile de trouver un moyen de revenir en France avec le chien car au dessus de 10kg ils sont interdits dans tous les transports, le taxi est trop cher de toute façon et les covoiturages un peu frileux sur les poils de chiens dans la voiture…! J’ai finalement fini par trouver un covoiturage qui nous a conduits à Bayonne où une amie et collègue est sympathiquement venue nous chercher et nous a hébergés dans son camping car pour le week end. Nous avons pu profiter de la plage, ça faisait vraiment plaisir !

Nous avons pris le train de Bayonne à Toulouse, avec cette jolie vue sur les Pyrénées. Qu’est ce que j’aime prendre le train… Hébergés chez un ami, le séjour à vite été écourté car un joyeux enchaînement d’événements est venu nous secouer ! Une opportunité de logement à côté de Figeac nous a fait ressauter dans un train aux aurores pour nous présenter au propriétaire lors de la visite. Une maison magnifique sur 3000m² de jardin bien lotois, avec cheminée et exposée sud-ouest ! C’est en compagnie de ma petite soeur que nous allons prendre un nouveau départ dans cette nouvelle vie : le bail de colocation a été signé ce matin, emménagement prévu fin Août. C’est tellement agréable de vivre en écoutant son coeur, de surfer sur la vague quand tout est fluide ! La suite du Chemin de la Vie se fera là où notre pèlerinage a commencé : à Figeac… Sur le GR65 qui mène chaque année tellement de personnes au Coeur D’eux-mêmes…
Immenses gratitudes à Tout, à la Vie, au Bonheur d’être Vivants !


