Eauze – Nogaro – Lelin Lapujolle

On avance, on avance. Petite à petit les kilomètres défilent tranquillement. Le sac est toujours beaucoup trop lourd… Je réfléchis encore à ce que je pourrais renvoyer mais chaque fois que je crée une petite liste dans ma tête, j’utilise lesdits objets dans les 24h qui suivent ! Donc on poursuit comme ça… À Éauze nous étions bien au calme dans le camping municipal fermé mais entretenu. Un petit carré d’herbe plat, une mission McGiver pour crocheter proprement la serrure d’une cabine de douche et hop ! Un camping propre et ouvert rien que pour nous. Eau, électricité, douche (froide, faut pas déconner), WC… Une pause au calme et à l’ombre, avec radio chevreuils (voire même concert chevreuil ! Car je ne sais pas combien de kilos il faisait ni à combien de petits mètres il était mais il nous a bien allumé les tympans celui là !!) et télé écureuils. Pour s’y rendre c’est facile, il suffit de suivre l’ancienne voie ferrée (qui a été retirée) c’est plat et tout droit, à l’ombre des arbres, parfait !

Je me suis rendu compte qu’il est plus pertinent de faire halte après les villes plutôt qu’avant car le matin nous partons trop tôt et à l’heure où nous les traversons les commerces ne sont pas encore ouverts pour acheter le pique nique… Je m’organiserai différemment maintenant même s’il n’y a pratiquement plus de ville sur Le Chemin d’ici à la frontière ! Hier était une journée particulière. Ça fait deux jours que je trouve les étapes difficiles alors que nous faisons principalement du plat et qu’il fait gris le matin (bon pour le physique mais peut être moins pour le moral ?) et Soleil dès 14h (la météo est vraiment parfaite pour nous !). J’avais prévu une halte près d’une petite chapelle dite de L’Hopital. A peine une dizaine de minutes après notre arrivée j’ai vite constaté que nous étions nombreux à avoir prévu de déjeuner ici : première fois avec autant de monde, nous étions une bonne vingtaine à grignoter tous ensemble ! De nouvelles rencontres et un peu d’ambiance pèlerine ! L’occasion pour Coco de finir les restes de pique nique… Et de ne pas faire sa sieste ! Un riverain nous a branchés sur un petit village à 2,5km du Chemin : Sainte Christie. Il nous a vendu du rêve donc j’ai décidé que nous pourrions camper là bas, sur l’aire mise à disposition exprès par la mairie. Bon. Ça vallait le détour, c’est joli, mais camping interdit… Un peu navrée et fatiguée je constate que Coco ne veut plus continuer, il est dans sa sieste, et que je n’ai pas d’autre plan eau pour le bivouac du jour. De toute façon, 20km c’est bien assez pour moi aussi car le sac me pèse et le dos et les épaules en pâtissent lourdement, c’est le cas de le dire. Je décide de m’assoire et de ne rien faire, parce que je ne savais pas quoi faire de toute façon !

C’est là qu’un villageois vient me proposer de nous conduire en voiture à Nogaro. Un peu perdue je ne sais quoi répondre : Compostelle, voiture… Pas pour nous ! Puis je me suis souvenu du jeudi pourri où j’ai refusé cette proposition, où je me suis fait mal au genou, où Coco a souffert de tant de kilomètres parcourus, où nous avions dû nous arrêter quatre jours à Moissac pour nous reposer… J’ai accepté. Comme ils ont un chien aussi, ça ne gênait pas que Coco s’installe tout fier sur les sièges arrière ! Ça va plus vite en voiture c’est sûr ! En 5min nous étions sur le parking du supermarché. J’ai refait le plein de pique nique puis nous sommes allés frapper à la porte du gîte communal pour prendre une chambre. Je ne sais pas pourquoi j’ai répondu « chambre » à la question « tente ou chambre » mais quand il s’est mis à bien pleuvoir en fin de journée, j’était ravie d’avoir prononcé le mot « chambre » ! Une bonne nuit de repos, très bien installés dans une chambre individuelle. Douche chaude, lessive, repas chaud, tisanes à volonté… De l’isolement et du silence pour Coco. Voilà le confort dont nous avons besoin pour nous sentir bien. L’occasion de nous socialiser un peu avec les autres pèlerins. Ça parlait pas mal allemand, j’étais un peu larguée avec mon anglais approximatif…! Mais c’était une chouette soirée où nous avons rencontré, entre autres, Peter de la télévision Suisse, Allan qui marche avec une petite chienne de 9 ans bien vaillante, Daniela et Anita deux magnifiques personnes avec qui nous avons fait un bout de Chemin… Coco adore manger avec les allemands qui laissent souvent quelques Knackis traîner en fin de repas….! Et j’ai très bien dormi, ce qui est une fête en soi !!!



Des rencontres furtives et à tirage unique car nous marchons deux fois moins que les autres donc on se perd vite de vue… Pareil pour les rencontres des hospitaliers et des hôtes qui tiennent les gîtes. Aujourd’hui nous avons fait halte chez Liès qui a acheté le gîte de Lanne Soubiran en Août dernier. Super accueil thé/café/boissons en libre service et donativo. Ils veulent également faire un bout de chemin avec leurs chiens. Je me suis vue de l’autre côté de l’interrogatoire : il semblerait que maintenant ce soit moi qui donne les réponses aux questions que je me posais il y a quelques mois sur le voyage à pieds avec un chien. Car oui, nous avons cheminé trois semaines depuis ! Déjà. Il me fallait bien ça pour me sentir un peu plus dans l’esprit du Chemin. Hier je lisais sur le cahier d’une Chapelle que c’est seulement après 40 jours de marche qu’une pèlerine sentais enfin le lâcher prise et les bien faits du pèlerinage. Encore de la route à faire alors ! Je saurais que j’aurais lâché prise quand mon sac sera devenu léger et inoffensif pour mes articulations !!!

Je mange plus qu’au début du voyage. Pourtant il me reste des réserves…! Mais là j’ai besoin de manger plus et Coco aussi j’ai remarqué. Quand il y a peu de commerces entres les étapes ça fait porter un sac plus lourd de pique nique du coup. Mais ça se fait. Sur 15km c’est ok. 20km c’est difficile et davantage c’est trop, autant pour Coco que pour moi. Quand je trouve un endroit pour dormir je pose mon sac en espérant le retrouver complet à l’endroit où je le laisse et en faisant confiance aux gens et je vais marcher à vide pour réactualiser mon confort physique. On se fait une petite balade le soir aussi, tranquillement après manger.

Ce soir nous faisons halte à Lelin Lapujolle où la mairie accepte les tentes dans un petit coin d’herbe plat, à proximité des tables de pique nique et des sanitaires. On vois passer des pèlerins qui s’arrêtent une minute, boire, manger, aller aux toilettes. C’est sympa comme ça aussi et je révise mon anglais lors de ces échanges courts mais plaisants. J’ai rencontré Helen qui a commencé son chemin depuis chez elle en Allemagne ! Elle a renvoyé sa tente et ses vêtements d’hiver hier, pour cause de sac tellement trop lourd, comme je comprends… j’aimerais réussir à faire du vide moi aussi, mais j’utilise tout, et je suis bien contente d’avoir une tenue de rechange finalement. Ça m’évite d’être nue sous mon poncho de pluie en attendant que le linge se lave et se sèche…! Pendant que Coco alterne sieste et chasse aux rapiettes, je profite d’un instant de solitude, d’une table de pique nique et du wifi de la mairie pour écrire un petit article. Globalement je trouve que les journées passent vite, pourtant j’ai l’impression de rien faire de particulier à par marcher le matin et installer le campement l’après midi… Écrire dans mon journal, laver une culotte, écouter les oiseaux, visiter les alentours, respirer les fleurs… C’est sympa de marcher comme ça au printemps ! Aujourd’hui le chemin était plus nature et surtout plus boisé, ça fait vraiment plaisir après toutes ces étendues d’agriculture… Nous repartirons tranquillement demain matin pour traverser Aire sur l’Adour et poursuivre le Chemin à notre rythme, selon nos envies et notre bien être physique.

21 jours les amis ! Le minimum nécessaire pour se mettre dans l’ambiance du Chemin…

nices!! 2022 – Le Voyage de MarCo – 1.40 – Vers Saint Jacques de Compostelle…
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